Salé-sucré : un mariage souvent mal assorti
Éditorial et humeur - 14 juin 20
Là, je sens que je ne vais pas me faire que des amis ! Récemment, je me suis fais servir un délicieux poisson au beurre blanc parsemé de… framboises. Alors là, je me suis abstenue de faire un scandale parce que j’estime beaucoup ce couple de restaurateurs voisins, mais qu’est-ce qui leur a pris ?
Voici plusieurs années que la mangue est apparue à tout bout de champ : dans les vinaigrettes (là, on peut parler d’aigre-doux, soit), mais surtout sur les poissons, ce qui me laisse pantoise. J’en trouve en particulier dans certains poke bowls avec du saumon ou des crevettes. Franchement, la mangue, dont la texture et le parfum dominent incroyablement, comment l’associer à des produits de la mer plus subtils ? Quelqu’un peut-il me démontrer le bien-fondé de cette association sauvage ?
J’en connais – ils se reconnaîtront – qui vont ouvertement éclater de rire et je les embrasse.
On est en train de vous expliquer partout de limiter le sucre et on n’en a jamais autant mis. Sans parler de l’empreinte carbone des mangues ou des fruits de la passion.
Mais, en dessert, au diable l’empreinte carbone, j’adore carrément.
En revanche, ne me parlez pas de confiture ou de miel avec du fromage (ni avec le foie gras). Gras, sel et sucre, ce n’est pas un peu abusif ?
Les “poke bowls” en sont la cause
Le “poke bowl” (qui se prononce traditionnellement “Pokai”) est originaire d’Hawaï, d’où l’introduction un peu intempestive d’ananas aussi. Avant de débarquer aux États-Unis, le “poke bowl” était un plat traditionnel, composé des ingrédients de l’île (idéal pour prendre des forces avant d’aller surfer).
Pourtant, dans cet esprit de salade complète, on trouve de merveilleuses associations, plus orthodoxes, à mon goût : saumon, thon, crevettes, avocat, concombre, citron, citron vert, gingembre, graines de sésame, etc.
Je m’énerve, je m’énerve…
Et les associations orientalisantes ?
Soyons honnête, les pruneaux, les raisins secs, la cannelle dans les tajines, voilà qui ne me choque pas. Sans doute parce que ces ingrédients ont mijoté ou… parce que je m’y suis habituée. De même que me voici aussi convertie aux graines de grenade, très rafraîchissantes, qui claquent si agréablement sous la langue et indispensables à la cuisine iranienne, notamment. Les voilà introduites avec bonheur un peu partout, remplaçant judicieusement les grains de maïs (qu’à une époque, on trouvait dans toutes les salades).
Mangez des pommes !
Les pommes avec le porc, en particulier, c’est différent, c’est un fruit peu sucré et acidulé. Elles absorbent la sensation de gras et, de ce fait, se marient aussi bien avec le foie gras (mais, personnellement, je ne vais pas jusqu’aux figues, ni pain d’épices, ni vin moelleux…). Les coings, très peu sucrés, entrent aussi très bien dans ces mêmes types de préparation.
En conclusion, c’était mon humeur et, finalement, tout est une question d’habitude, comme il faut avoir mangé ou vu manger jeune des huîtres pour pouvoir les apprécier…
Qu’en pensez-vous ?
3 commentaires
Michelle 25 juin 20
Un vaste sujet le salé sucré, c’est vrai qu’on ne peut pas faire n’importe quoi. Il y a des associations qui ne marchent pas. Merci pour cet article, bonne fin de journée.
Daniele 02 juil. 20
Ah oui, sujet délicat et je suis d’accord. Aujourd’hui, on trouve des mélanges audacieux…. Moi, j’aime bien le salé/ sucré. Les plats exotiques sont souvent mélangés avec des fruits. Un cari (curry) indien avec ananas, papaye… question de goût, d’habitudes alimentaires… ça vaut un article joliment illustré !
mariatotal 02 juil. 20
Danièle, dans un cari, j’aime bien la pomme, la banane, la confiture de gingembre, mais (pour moi) pas l’ananas, c’est trop. La papaye, elle, n’est pas très sucrée, mais franchement, je trouve ce fruit sans intérêt. Les Brésiliens en servent à tous les petits déjeuners, c’est joli sur la table, mais ou fade ou trop mûr (et trop fort, avec un goût de fromage).