“Dîner chez Marlene”, les recettes de Dietrich
Livres - 06 mars 18
Le saviez-vous ? Marlene Dietrich était un fin cordon bleu et adorait régaler ses invités. Avec cet ouvrage, elle revient sur le devant de la scène éclairer une facette de sa personnalité loin des paillettes. Grâce à de magnifiques photographies, “Dîner chez Marlene”, de Georg A Weth, nous fait découvrir une actrice inédite, cuisinière et hôtesse attentive.
À travers les témoignages de ceux qui l’ont vraiment approchée, cet ouvrage retrace le parcours gourmand et raffiné de la célèbre actrice, cuisinière avertie et passionnée. Certes, il est émaillé de photos artistiques, mais on la voit aussi en tablier, face à un grand faitout, en train de fignoler l’un de ses célèbres bouillons grâce auxquels elle prétendait guérir ses proches et ses amants.
Les recettes personnelles de Marlene Dietrich sont complétées par d’autres qui ont marqué son existence et, notamment, celles de Markus Auer, jeune chef cuisinier à La Maison d’Allemagne à Paris, proche de l’appartement de l’avenue Montaigne, où elle vécut quasi recluse ses dernières années.
De 1989 à 1991, quelques mois avant sa mort en 1992, il lui apportait ses plateaux repas et cédait à tous les caprices de la star, qui l’affectionnait réellement. Marlene Dietrich ressentait le besoin de renouer avec la cuisine allemande qui, contrairement à ce que l’on pense, peut être légère et saine. Son témoignage plein d’anecdotes, issu de cet entretien télévisé (en version originale non sous-titrée, mais Markus Auer rapporte certains dialogues en français) qui date de 2000 et qui dresse un portrait attachant de l’actrice qui possédait un solide sens de l’humour.
Parmi les recettes favorites de l’actrice, on trouve, outre ses bouillons de viande, son bœuf strogonoff, son kugelhopf (que je vais immanquablement tenter), sa crème bavaroise, son pudding à la crème et liqueur de café, son pot-au-feu, l’oie farcie à la Marlene, etc. Ses œufs brouillés, particulièrement riches en beurre (200 grammes pour 3 œufs !), devaient tester la résistance de ses convives ou amants. Qui ne les supportait pas était éliminé… À ses recettes, sont ajoutées celles qu’elle a particulièrement appréciées comme chevreuil sur son lit de chou rouge, la compotée de choucroute, le soufflé au panais et purée de carottes aux airelles, le velouté aux oignons, la compote de myrtilles et glace au citron, le parfait de langouste sur canapés et fines roulades à l’ail ou les crêpes épaisses à la berlinoise, etc. À chaque menu correspondent de nombreux souvenirs dont témoignent ses amants et proches. Pour elle, partager un repas était toujours affaire d’amitié et parfois d’amour.
Cet ouvrage entre dans l’intimité de la star devenue touchante et accessible : une photo d’elle en tablier, en train de cuisiner son légendaire bouillon, en est la preuve.
Dans sa préface, Macha Méril est intarissable sur Marlene Dietrich. Elle, qui a écrit cinq livres de cuisine, s’incline devant Marlene qui, contrairement à elle, pesait tout au gramme près ne laissant aucune chance au hasard d’être la vedette du plat. Macha Méril évoque également le courage d’une Marlene antinazie qui, le cœur déchiré, s’est s’expatriée aux États-Unis pour fuir l’horreur. Marlene, selon elle, cuisinait des recettes allemandes pour ne pas oublier son identité.
• Dîner chez Marlene, par Georg A. Weth, préfacé par Macha Méril
Éditions Michel de Maule et Le Quai (décembre 2015), 192 pages
34,50 euros