Délicieux… un pur régal !
Éditorial et humeur - 12 sept. 21
“Délicieux” est un film d’Éric Besnard, tourné en 2019, enfin sorti sur les écrans le 8 septembre 2021. Il raconte la création d’un lieu, différent des relais de poste, où toutes les catégories sociales viennent se restaurer, goûter des créations gustatives et passer un moment en tête à tête. Courrez-y, vous passerez aussi un moment… délicieux. Un “feel good moovie” comme on les aime.
À la veille de la Révolution Française, Pierre Manceron (Grégory Gadebois), le cuisinier du duc de Chamfort (Benjamin Lavernhe) prend l’initiative de servir une de ses créations, baptisés délicieux, qui ne lui est pas commandé. Le duc se régale, mais se rend lâchement aux moqueries de ses convives dès lors qu’ils ont connaissance de leur composition : pommes de terre et truffes. À cette époque, les tubercules sont réservés aux cochons ! Cette première scène du film, d’une grande intensité, fait sans nul doute référence à Ridicule, de Patrice Leconte : pour se moquer de la noblesse, le réalisateur Éric Besnard fait pousser aux invités de l’odieux duc de Chamfort des cris de cochon, humiliant ainsi le cuisinier de leur hôte. Et voilà Pierre Manceron, audacieux mais orgueilleux, limogé pour n’avoir pas voulu s’excuser.
Revenu dans sa vieille chaumière, au fin fond du Cantal, avec son fils Benjamin (Lorenzo Lefebvre), Pierre Manceron refait du pain comme avant, quand arrive Louise (Isabelle Carré), une femme étonnante qui demande à apprendre l’art culinaire à ses côtés et à devenir son apprentie.
La rencontre de cette femme lui redonne confiance en lui et l’incite à s’émanciper de sa condition pour entreprendre sa propre révolution.
Ils vont inventer ensemble un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra de nombreux clients et aussi quelques ennemis.
La lumière du Cantal
Le réalisateur Éric Besnard s’intéresse ici à la naissance du concept, toujours d’actualité, de restaurant.
Ce film en costumes d’époque prend néanmoins quelques libertés avec l’Histoire de la création du restaurant pour nous livrer une fiction très appétissante.
Délicieux s’inscrit néanmoins dans la véritable période historique du siècle des Lumières.
Le peuple commence déjà à se révolter et Benjamin, le fils de Manceron, lit Rousseau.
Grégory Gadebois, au physique et à la voix taillés pour la profession, campe sans ambiguïté son rôle de cuisinier et Isabelle Carré charme la caméra si joliment posée sur elle.
Le directeur de la photo, Jean-Marie Dreujou, fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle de la lumière et filme de merveilleux gros plans sur la préparation des mets, notamment sur le pétrissage de la pâte. À l’occasion, il glisse aussi quelques reproductions non dissimulées de peintures natures mortes.
La réalisation, l’image et la musique, confèrent à ce film des allures de conte. Ne boudez pas votre plaisir.
Cliquez ici pour visualiser le diaporama de quelques photos captées pendant la projection.
Distribution
Éric Besnard, réalisateur
Jean-Marie Dreujou, directeur de la photo
Grégory Gadebois, Pierre Manceron
Isabelle Carré, Louise
Benjamin Lavernhe, duc de Chamfort
Guillaume de Tonquédec, Hyacinthe
Lorenzo Lefbvre, Benjamin Manceron
Christian Bouillette, Jacob
Marie-Julie Baup, marquise de Saint-Genet
Laurent Bateau, Dumortier